La radio en perte de vitesse ?

La radio en perte de vitesse ?

Depuis fin 2020, la radio a enregistré une baisse des audiences de 300 000 auditeurs. Par rapport à 2020, elle a perdu plus de deux millions auditeurs selon les analyses de Médiamétrie. Il s’agit d’une perte d’audience sans précédente, notamment à cause de la pandémie de Covid-19, mais pas seulement. En effet, les habitudes de la plupart des Français ont été bouleversées depuis cette crise sanitaire. Finis les départs pour le travail ou l’école à heure fixe, finis les rendez-vous radio incontournables avec tel animateur ou telle émission.

Une énorme perte d’audience en grande partie à cause du Covid-19

Une telle baisse n’a jamais été enregistrée auparavant. Cette perte de plus de 2 millions d’auditeurs peut être assimilée à un krach dans le domaine de la bourse. D’ailleurs, l’audience de la radio connait une tendance baissière depuis 2012.

Depuis le début de l’année, on constate une forte baisse de l’audience qui s’explique essentiellement par la pandémie, plus précisément par ses conséquences. En effet, les confinements consécutifs et le télétravail ont causé bien des ravages. On peut dire que les comportements d’écoute des auditeurs ont brusquement changé à cause de cette crise sanitaire.

Selon Médiamétrie, le cumul des auditeurs quotidiens sur la radio, quelle que soit la station, est tombé à 40,4 millions entre le 2 novembre et le 27 décembre. Cela représente à peu près 500 000 auditeurs de moins qu’en septembre-octobre, et plus d’un million de moins que fin 2019. Une chute liée aux dispositifs anti-Covid-19 (confinement, reconfinement, couvre-feu, etc.), augmentant le télétravail qui a fait baisser l’écoute de la radio, plus particulièrement en voiture. Le manque de mobilité des auditeurs est ainsi en grande partie à l’origine de cette baisse spectaculaire. La mobilité étant l’essence de la radio.

En outre, la fermeture du monde culturel a eu des effets désastreux. Les manifestations de tout genre se sont arrêtées avec l’arrivée du Coronavirus et les confinements. De ce fait, les programmes des radios, notamment locales, se sont considérablement appauvris, par manque d’événements festifs, culturels ou tout simplement parce qu’il n’y a pas de proximité à couvrir. Depuis mars 2020, cette proximité ne se traduit que par le Covid-19 qui est un sujet très angoissant. Les audiences ont directement souffert de cet appauvrissement éditorial, car cela répercute d’abord sur l’intérêt d’écoute. Quand la promesse n’est plus tenue, l’auditeur se retire.

Par ailleurs, depuis maintenant plus de 10 ans, les Français n’ont jamais été autant sollicités. On compte maintenant beaucoup plus de chaînes de télévision, de stations de radio, de réseaux sociaux, de flux audio, de podcasts, de séries, etc. L’auditeur est ainsi obligé de faire des choix. Nous sommes donc susceptibles d’entrer dans une nouvelle ère en quelque sorte, celle de l’installation et de la fragmentation quasi naturelle des publics. Les nouvelles applications sur le web feront toujours tout pour attirer l’attention des auditeurs.

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Les stations publiques tirent leur épingle du jeu

Dans le contexte actuel, où l’information a plus que jamais devancé le divertissement, les stations publiques, dont France Inter et France Info, ont été favorisées. Si la quasi-totalité des radios, incluant les stations généralistes, les radios musicales, les associatives, les programmes locaux et les stations commerciales, souffrent de la situation actuelle, Radio France peut néanmoins être fière de la progression de l’audience cumulée de ses radios de 0,3 point (27,7%). C’est grâce à France Info qui a connu une progression spectaculaire qu’elle doit cette performance.

France Inter garde son statut de numéro 1

Malgré ce contexte difficile, France Inter conforte sa place de radio la plus écoutée de l’Hexagone. Elle affiche 12,7 % d’audience cumulée, soit 6,9 millions d’auditeurs. Elle devance donc RTL. Selon le PDG de Radio France, Sibyle Veil, le public a préféré se tourner vers les radios du groupe pour s’informer dans ces temps difficiles, car leurs antennes sont aux yeux de celui-ci dignes de confiance et crédibles. La part d’audience de France Inter reflète un changement dans la façon de découvrir les programmes. Les auditeurs utilisent davantage leurs smartphones toujours selon Sibyle Veil.

France Info, une performance exceptionnelle

France Info quant à elle consolide sa place de troisième radio du pays. Elle a acquis ce statut en novembre-décembre 2020. Cette station publique a conquis 800 000 auditeurs de plus en un an. Sa matinale qui est son émission phare a quant à elle gagné 625 000 auditeurs en un an. Ce succès s’explique par le fait que les gens sont à l’affût d’informations fiables, justes, sans exagération ni fausses polémiques. « La matinale a trouvé son public », commente Jean-Philippe Baille, qui entend garder le canevas actuel de la station.

Les performances de France Info sont remarquables, avec une audience cumulée à 9,5 %. Elle se place devant NRJ qui a perdu 1,3 point. Il s’agit d’un fait inédit dans l’univers de la radio. Selon, Jean-Philippe Baille, le nouveau patron de France Info, ces performances sont la conséquence de plusieurs années de travail. Bien que la pandémie de Covid-19 et le feuilleton de la présidentielle américaine aient participé à cette augmentation d’audience, France Info a su se démarquer grâce à une plus-value éditoriale.

Cette crise sanitaire a malmené de nombreux secteurs et la radio n’est pas en reste. Les Français, avides d’informations, se tournent tout naturellement vers les radios du service public qui ont su tirer leur épingle du jeu.

La radio reste quand même un média fort

En dépit de cette situation sanitaire sans précédent, la radio reste un média puissant. En effet, elle attire toujours plus de 40 millions d’auditeurs. Cela s’explique par le fait que la radio soit un média accessible, facile à utiliser, mobile et gratuit. On peut avoir accès aux émissions sur Ecouter La Radio simplement, quand on a envie, quand on en a besoin. La radio est le média de l’immédiateté. On peut mettre une information en ondes en très peu de temps alors que la télévision et la presse écrite demandent beaucoup plus de temps. Par contre, si cette tendance baissière se poursuit, la radio risque de passer sous la barre symbolique des 40 millions.

 

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