Manger, devenir boulimique, pour être moins seul…

Manger, devenir boulimique, pour être moins seul…

Pour beaucoup de boulimiques, les crises ont lieu principalement le soir, quand vous êtes seul ou le week-end, parce qu’il n’y a rien à faire. Vous vous sentez tout à coup vide. L’idée d’une crise commence à poindre, comme si la nourriture était une activité, un centre d’intérêt pour combler un moment de solitude.

La quête d’une identité est difficile tant que la boulimie en sera à la base. Vous tombez dans un véritable cercle vicieux car vous cherchez à exister par la nourriture (les crises provoquent des sensations fortes) et vous tentez en même temps de fuir la réalité pour rester dans un monde à part.

Les adolescents interrogés s’expriment en disant : « Le plus souvent, je fais des crises le soir. Quand je vais dans ma chambre, je me sens seule et cette sensation me donne envie de manger. Ma boulimie me fait peur, mais au début elle me permettait d’avoir quelques moments de paix, sans pensées négatives ».

Comment sortir du tunnel ?

Vous vous sentez enlisé, piétiné, vous n’avez plus de force, plus de courage, vous êtes déboussolé, mais vous avez compris que vous aviez un problème alimentaire. C’est le premier pas et c’est un pas essentiel sans cette conscience de votre mal-être, vous ne pouvez rien entreprendre. Surtout, les personnes autour de vous ne peuvent rien faire. Cette maladie est très particulière car elle est plus forte que votre volonté. C’est pourquoi il est sage d’accepter les mains tendues vers vous, l’aide qui vous est proposée. Trouver un lieu pour parler, pour comprendre, pour reprendre pied afin de pouvoir voler de nouveau de vos propres ailes. Le voyage peut être long et parfois difficile. Il faut s’accrocher, garder espoir et faire confiance à ceux qui vous soutiennent et à vous-même.

Quel est le moyen le plus performant pour surveiller l’alimentation quand on est boulimique ?

Quand les malaises nutritionnels sont atroces, il est indispensable de « casser la croute » autrement pour limiter les problèmes de boulimie. Il faut s’alimenter peu, cependant se nourrir convenablement, en mélangeant les nourritures protéinées et les farineux, par petites doses. Pour remporter la bataille, l’autocuiseur sera un appareil important pour accommoder en un instant un casse-croute simple et raisonnable.

Un accompagnement nécessaire

« Je sais que c’est grâce à ma famille que je m’en suis sortie. Mes parents ont été patients malgré les torrents d’agressivité que je déversais sur eux. Chacun peut aider les boulimiques à sa mesure. II ne faut pas se prendre pour Superman, ni soi, ni les frères et sœurs, ni les parents. Le seul moyen d’arriver à lutter contre la maladie, c’est de le faire ensemble. Quand je laissais traîner des sacs de vomi, ma mère ne me les a jamais brandis sous le nez en criant. Elle venait dans ma chambre et me disait : « Tu ne te sentais pas bien aujourd’hui ? ». Au début, je ne répondais rien. Mais elle n’a pas laissé tomber. Elle est revenue chaque fois qu’elle sentait que ça n’allait pas et, finalement, j’ai commencé à lui parler, à verser des flots de larmes sur le tapis de ma chambre car ça faisait du bien de pleurer en compagnie de quelqu’un qui écoute sans juger ».

Est-ce que je peux m’en sortir seul ?

Beaucoup d’adolescents ont des comportements impulsifs, passent d’un extrême à l’autre et vivent toutes leurs expériences de façon intense, toutes sortes d’expériences d’ailleurs. Une étude menée en France montre qu’environ 40% des adolescents disent avoir déjà fait une crise de boulimie (qu’ils appellent fringale). Ils peuvent raconter cette « fringale » de cette façon : « Je suis rentré un soir, après une fête, et j’ai vidé le Frigo. Je n’avais pas vraiment faim et je ne sentais pas trop le goût des aliments, mais je les ingurgitais les uns après les autres, sans pouvoir m’arrêter, dans n’importe quel ordre. D’abord toutes les mousses au chocolat, puis le pâté, puis le poulet en sauce. Mais au bout d’un moment, j’ai cru que mon ventre allait exploser tellement il me faisait mal. Alors je me suis dit qu’il fallait que sa ressorte et je suis allé me faire vomir et ça n’a pas été facile ! »

Cet adolescent n’est pas devenu boulimique pour autant. II a fait une crise, puis une deuxième un autre jour, mais sans tomber dans l’engrenage de la maladie. La boulimie n’est pas seulement un comportement, derrière, il y a un problème psychologique à reconnaître et à résoudre, sinon le comportement se répète pour cacher les difficultés et, en même temps, pour alerter, dire que quelque chose ne va pas. Lorsque certains d’entre vous commencent à entrer dans la boulimie, ils comprennent assez vite ce que ce comportement vient cacher, combler ou révéler. Elle venait de rompre avec le petit ami qu’elle avait depuis huit mois.

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